★ CARACTERE : Adam Everett n'est pas fondamentalement une mauvaise personne. Non. Il vit juste avec ses propres règles et sa conception originale du bien et du mal, en-dehors des considérations des gens ordinaires.

Il a toujours été différent, avant même que sa mutation ne se révèle. Un garçon intelligent, brillant même, mais d'une certaine immaturité sociale et incapable de s'intégrer auprès de ses pairs...

Cela n'a guère changé, malgré les années passées. Adam est un enfant dans un corps d'adulte, naïf et puéril, observant le monde avec un regard digne de la candeur cruelle que peuvent parfois manifester nos chères têtes blondes. Il a une vision sans nuance de ceux qui l'entourent, un manichéisme qui le pousse à catégoriser autrui en tant que "gentil" ou "méchant" sans laisser vraiment de place à la moindre subtilité ou zone grise.

Lui-même se voit comme une "bonne personne", protecteur des plus faibles, se rebellant contre les "bad guys" de ce monde. Oh, certains de ceux qu'il considère comme "méchants" le sont vraiment... D'autres ont simplement commis un crime atroce à ses yeux : maltraiter leurs pauvres dents en négligeant d'en prendre soin. Il n'y a pas pire offense en ce monde, Adam en est persuadé ! Ne peuvent-ils pas entendre les couinements de douleur de leur dentition ?

Sa naïveté fait de lui une personne relativement malléable, ce qui permet aux autorités du dôme de le garder sous contrôle en dépit de ses tendances à vouloir jouer les justiciers. Il ne lui viendrait pas à l'idée de défier leur autorité ou de remettre en question leur manière de faire. Ils sont les grands gentils de ce monde, ceux qui l'ont sorti de la misère et l'ont accueilli en dépit du mal qu'il avait pu leur faire malgré lui... Il leur est donc éternellement reconnaissant.

On pourrait croire Adam simplet, mais ce serait lourdement se tromper. La cervelle de l'homme est bien remplie, mais cette intelligence ne s'étend pas à ses pairs, leurs jeux sociaux et les règles implicites de ce monde dans lequel il vit. A tout cela, Adam est imperméable, comme si un bouclier le préservait de toute l'hypocrisie de ce monde. Cela fait de lui un être particulièrement franc, incapable de garder le moindre secret bien longtemps.

Il est passionné par son métier, qui lui permet de faire usage de son pouvoir et de sauver ses chères petites dents sans s'attirer d'ennuis en jouant les "justiciers dentaires". Pas d'instruments barbares pour le mutant ! Lorsqu'on peut guérir une dent en le souhaitant très fort, pourquoi s'encombrer de choses aussi abracadabrantes qu'une fraise ou un maillet dentaire ? Non, non, très peu pour lui. Même s'il aime bien porter l'uniforme et les gants de latex. Juste pour le fun.

★ PARTICULARITÉS : Adam est atteint d'alopecia universalis, la forme la plus sévère de l'alopécie. Pas un poil ni un cheveu sur son corps. Il a commencé à les perdre par touffe durant son adolescence, au même moment où son pouvoir s'est développé, et il a fini par les voir tomber complètement pour ne plus jamais repousser. Il s'en est généralement accommodé, mais les gens ont tendance à l'observer étrangement, surtout lorsqu'ils n'ont pas l'habitude de le croiser.

Il est surdoué, un QI de 135 qui lui offre principalement une mémoire d'éléphant, qu'il manifeste notamment en citant au mot près des passages de ses livres préférés ou des conversations entières qu'il a pu entendre ou surprendre.

★ Un institut pour mutants... Et pourquoi pas une garderie ? Que pense ce personnage du complexe géré par le Professeur Williams ? Pourquoi ? : Adam n'envisage pas de quitter un jour l'Institut pour mutants du Professeur Williams. C'est sa maison, là où il a trouvé sa place, des gens qui le comprennent et sont devenus sa seconde famille, après que sa première l'ait trahi et forcé à fuir. Ici, Adam se sent accepté, aimé. Il y demeure depuis un peu plus de vingt ans et serait complètement perdu s'il devait s'en aller et vivre par lui-même.

Il se plie aux règles de la maison avec zèle et se montre particulièrement respectueux envers les figures d'autorité qui y résident. Il ne comprend pas que certains puissent vouloir fuir ce lieu ou le considèrent comme une "garderie" ou une "prison" ou quoi que ce soit du genre. Pour lui, c'est une maison. Un foyer. Son foyer. Et il le défendra becs et ongles, lui et tous ses habitants, s'il faut en arriver là...

★ Où en est-il de sa manipulation de son/ses pouvoir(s) ? Et d'ailleurs, qu'est-ce que c'est ? : Adam possède le don de Dóntiakinésie : le pouvoir de contrôler les dents.

Adam peut guérir, faire pourrir, décrocher ses dents et celles d'autrui pour s'en servir comme projectiles. Il peut aussi les rendre extrêmement coupantes, comme tout autant de petits rasoirs.

Il sent et entend la présence des dents, comme un murmure persistant, des mots sans véritable sens, mais qu'il comprend et interprète à sa manière.

Il ne peut pas générer de dents et s'épuise facilement lorsqu'il cherche à contrôler trop de dents à la fois ou à les manipuler trop longtemps.

Il maîtrise généralement bien sa mutation, mais cette dernière peut se manifester malgré lui lorsqu'il est dans un état de forte détresse émotionnelle, qu'il s'agisse d'une peur intense ou d'une colère qui l'est tout autant.

★ Que pense-t-il du Dôme et de Praedam Hill ? : Il n'est pas rare qu'Adam oublie tout simplement l'existence même du Dôme, comme si le monde s'arrêtait simplement à ses frontières.

Il s'aventure régulièrement à Praedam Hill avec la curiosité qui est sienne, fasciné par les créatures qu'il peut y rencontrer. Il est particulièrement attiré par les vampires et leur dentition si particulière, des dents qui sifflent une autre mélodie, un murmure différent de ce qu'il a l'habitude d'entendre, de sentir. Ce qui peut parfois le pousser à faire preuve d'un manque de prudence ou de discernement.

Il ne parvient même pas à envisager l'idée de vivre en-dehors de l'Institut, alors sortir du dôme... Cela ne lui traverse même pas l'esprit. Adam est ici, à sa place, et rien ne l'attend en-dehors de ce petit monde qui est le sien. A dire vrai, devoir s'y aventurer serait probablement une véritable punition à ses yeux.

★ Quel est son avis sur les récurrences divines, actives depuis maintenant plus d’un an sous le Dôme ? : Adam ne sait pas vraiment s'il s'agit d'un problème ou non, mais il fait confiance aux autorités du Dôme pour gérer la situation et empêcher que les choses ne débordent trop.

Pour tout dire, il ne comprend pas vraiment ce qui se trame et, s'il est curieux vis-à-vis de ses pairs et de cette présence divine, se demandant parfois s'il allait lui aussi avoir de la compagnie dans son crâne un jour, en plus des murmures dentaires qui habitent sa cervelle, il ne cherche pas pour autant à résoudre à tout prix le mystère.

Mêle-toi de tes affaires, lui avait-on sagement dit lorsqu'il avait commencé à poser innocemment des questions curieuses. Et il avait obéi sans discuter, parce qu'il était Adam Fitzgerald Everett et qu'il était supposé suivre les directives de ceux qui savent, les figures d'autorité de son petit monde. Eux savent précisément ce qui est bon ou mauvais et comment le gérer. Lui ne peut que se reposer sur leur présence.

C'était une journée comme une autre pour Adam. Le mutant exerçait son métier avec le zèle et la passion qui lui étaient caractéristiques, laissant son esprit s'envahir de ce que la dentition de son patient voulait bien lui chuchoter. Oh, le vilain, vilain garçon... Non, définitivement, il ne s'était pas brossé les dents tous les jours, avec la régularité nécessaire. Pauvres petites dents maltraitées...

Dans d'autres circonstances, Adam l'aurait privé de cette dentition qu'il ne méritait pas, arrachant de sa mâchoire les pauvres dents négligées qui appelaient le mutant au secours... Mais Adam était conscient des règles mises en place et des conditions pour qu'il puisse continuer à exercer son métier. Pas de violence gratuite !

Il n'était plus un justicier. Il était un dentiste, un gentil dentiste qui allait guérir les dents de cet homme, même s'il savait que ce dernier allait probablement encore oublier de les traiter convenablement et revenir à son cabinet en grimaçant douloureusement... Pauvres, pauvres petites dents qui méritaient mieux que cet horrible traitement !

Adam s'attela à leur guérison, ordonnant un peu sèchement à son patient de prendre plus soin de sa dentition après que celui-ci l'eut remercié. Agacé, le mutant attendit le départ de l'homme pour se calmer de la manière la plus efficace qu'il connaissait : il saisit l'une de ses dents entre ses doigts et, d'un coup sec, l'arracha.

Se concentrant sur la douleur aiguë qui l'envahissait, Adam entreprit d'apaiser sa colère en exerçant sa mutation sur la dent qu'il avait extirpé de sa bouche, la déformant et la reformant avec délicatesse, veillant à respecter les chuchotis informes qu'elle transmettait au sein de sa cervelle. Bien sûr qu'elle réintégrerait sa bouche, gentille petite. Il avait juste besoin de se calmer un peu et cela l'aidait. Même s'il savait que ce n'était pas la bonne manière de faire...

Il était supposé respirer. Mais cela ne l'apaisait pas assez vite. Il préférait Sa méthode. Radicale. Efficace. Mais "ils" ne l'approuvaient pas. Et "ils" étaient importants à ses yeux. Eux qui l'avaient sauvé. Eux qui lui avaient offert une famille. Une vraie famille.

Oh, il avait eu une famille. Un père. Une mère. Plus le temps passait, moins il parvenait à se rappeler de leur visage, du son de leur voix. Sa mémoire était peut-être très efficace, mais cela ne l'empêchait pas d'effacer ce qui ne lui importait plus et prenait inutilement de la place. Ces gens-là ne jouaient plus le moindre rôle dans sa vie.

Ils avaient dû être gentils, à un moment. Adam se rappelait d'avoir été aimé. Chouchouté, même. Jusqu'à ce que sa différence se fasse trop évidente. Les poils et les cheveux qui tombent, par touffes. Puis la mutation. Les dents. Les dents qui commencèrent à le fasciner d'une manière incompréhensible. A lui parler. C'était ainsi qu'Adam avait détecté une carie dans la bouche de son père, la dent du fond.

Bizarre, définitivement, mais pas de quoi s'alarmer, non ? C'était ce que ses parents avaient pensé dans un premier temps, s'inquiétant plus de son alopécie soudaine que de cette fascination soudaine pour les dents. Jusqu'à ce que cette dernière se manifeste d'une façon plus radicale. Surnaturelle.

Ils n'avaient pas beaucoup d'argent. Le père d'Adam avait préféré endurer la douleur que de payer une visite chez le dentiste. Une souffrance que son adolescent de fils éprouvait au plus profond de lui-même, le hantant, martelant son crâne d'une manière inimaginable... Jusqu'à ce que cela devienne trop. Que la colère éclate. Et que la dent s'arrache violemment de la bouche de son père, emportant avec elle un morceau de langue.

Sonné par l'événement et le silence soudain qui s'était fait dans son crâne, Adam s'était enfermé dans sa chambre pour ne plus en sortir. Ses parents n'avaient pas cherché à l'en déloger, non. Ils les avaient appelés. La Milice. Ceux qu'il croyait être les "Méchants" à l'époque. Ils étaient entrés sans ménagement et Adam, pris par la peur, avait déchaîné sa mutation et perdu le contrôle. Les dents s'arrachèrent, cisaillèrent la chair, volèrent, telles des dizaines et des dizaines de petites lames de rasoir, écorchant également sa propre peau...

Adam avait profité de la confusion pour s'enfuir, sans chercher à se retourner. A bientôt seize ans, le jeune homme débutait ce qu'il pensait être une éternité d'errance. Mais un adolescent chauve et semant derrière lui des traînées de dents sanglantes, ce n'était pas très difficile à pister. Celui qui, dans son échappée folle, s'était improvisé justicier, protégeant les faibles ainsi que ses pauvres dents chéries maltraitées, eut tôt fait d'être rattrapé par une Milice qui, cette fois, était préparée.

Le reste était flou. Un tatouage sur son poignet, numéro 115. Le professeur Williams, qu'il voyait pour la première fois et envers lequel il avait pourtant ressenti immédiatement cet élan de confiance. Des paroles rassurantes. On ne lui voulait pas de mal. Il était ici chez lui. En sécurité. Protégé du reste du monde. Le garçon avait été éreinté par son escapade solitaire, aussi courte avait-elle été. Il ne demandait qu'à croire ce qu'on lui disait. Et il le fit.

Il était l'habitant idéal, obéissant aux ordres, suivant les règles, acceptant que ses questions ne trouvent pas de réponse si l'on n'estimait pas nécessaire de lui en donner. Oh, bien sûr, tout n'était pas parfait. L'impulsivité d'Adam devait être gardée sous contrôle, maîtrisée. Un chiot fou qu'il convenait de dresser convenablement.

Il avait appris à maîtriser pleinement son pouvoir, s'était intégré au sein de l'Institut, puis, au fil du temps, dans la ville au-delà des murs de Son foyer. Vingt années s'étaient écoulées. Vingt années qui avaient fait de lui un fidèle habitant du dôme, un mutant malléable, obéissant au doigt et à l'oeil aux figures d'autorité du dôme, de l'Institut. Sa naïveté leur était précieuse, une chance qu'ils avaient cherché à préserver à tout prix car le rendant aisément contrôlable, leur permettant de le tenir en laisse sans même qu'il ne le réalise.

Si, aujourd'hui, Adam se sent plus libre que jamais, il est probablement le plus captif de tous, incapable d'envisager une vie en-dehors du dôme, sans l'oeil vigilant de la Milice, sans la présence des Scientifiques, sans l'autorité compétente du Professeur Williams et de ses employés... La fée des dents avait définitivement perdu ses ailes, au fil des années. Ou peut-être pas ?