★ CARACTÈRE :
à cœur brûlé, à cœur battant - grand philanthrope, j’aime les gens, j’aime le monde. J’aime. Tout simplement. Si pour beaucoup ce sentiment est quelque chose d’exceptionnel que l’on attend ou redoute, pour moi il fait partie de mon quotidien. Vivre sans aimer, à quoi bon ? Je ne mets aucune barrière entre mon amour et les autres. Un être sociable, aussitôt chaleureux et généreux. Spread the love, comme on dit. Dès que l’on dégage une certaine lumière, je suis happé, comme un papillon vers une lanterne, comme mon phare dans la tempête. Néanmoins, puisque j’aime facilement, l’amour que je ressens n’a pas cette préciosité qu’il est censé avoir. Si j’aime quelqu’un, ça ne signifie pas que cette personne compte pour moi, que je tiens à elle ou qu’elle représente quoi que ce soit à mes yeux. Pas du tout. Je l’aime, ça ne va pas plus loin. Ça ne veut rien dire de plus. Une émotion sans conséquences ni répercussions. En vérité, j’aime surtout ceux qui m’aiment. Aimer autant qu’être aimé, c’est là ma raison d’exister. Je suis une créature de sentiments, je m’enivre de ces sensations internes. J’ai besoin de sentir que je provoque quelque chose chez ceux qui m’entourent, et inversement. Une chaleur qui s’infiltre au plus profond des atomes, qui bouillonne dans les veines. Une drogue exquise. À la pauvre créature qui tombera dans le piège de s’imaginer seule dans mon cœur, je m’excuse, mon palpitant est fait pour une colocation nombreuse de courte durée. Pas de méprise : je ne m'attache pas, je passe vite à autre chose. Vous ne m'intéressez pas.

le soleil au zénith - à l’image de l’astre solaire, je me considère comme le centre de mon univers. On gravite autour de moi comme mille planètes. Oui, je suis égocentrique, mégalomane, un brin narcissique. Je l’assume. Quoi de plus normal lorsque l’on est aussi incroyable que moi ? Mon arrogance se voit renforcée par une confiance sans borne. Je ne doute pas de ma personne. Jamais. Être sous le feu des projecteurs est une vocation, une seconde nature. Pour la gloire et rien que pour la gloire. Orgueilleux, je ne remets pas mes actes en question. J’agis avec audace et passion. Vrai lion ardent, je flamboie, incendiaire. Jusqu’à cramer et consumer toute forme d’adversité. Ne cherchez pas : le roi soleil, le soleil roi, c’est moi.

il n’y a que l’excès dans l’excès - je suis fait pour le grandiose, la démesure est ma plus fidèle maîtresse. Gagné par la folie des grandeurs, je ne me refuse rien, je ne me restreins ni en luxe, ni en plaisirs, ni en festivités. Hors-norme. Je revendique avec joie ma philosophie hédoniste. Rien n’arrête la course du soleil, aussi rien ne m’arrête. Surtout pas les qu’en dira-t-on et autres diktats. Désinvolte, je ne m’encombre pas des carcans sociétaux. J’avance dans ma quête des passions avec bruit et fougue, la gourmandise au coin des lèvres. Ce que je fais, je ne le fais pas à moitié. La demi-mesure m’est inconnue. Il est certain que je ne passe pas inaperçu. Mon exubérance et mes tendances m’as-tu-vu fantasques m’entraînent toujours plus loin dans cette danse effrénée qu’est l’existence. Je veux jouer le jeu de la vie à son paroxysme. Et lorsque je suis en manque de sensations, je me plonge dans l’art, qui a cet étrange pouvoir de me faire vibrer de tout mon être.

objet de désir - séduire, mon sport favori. S’il y a bien une discipline dans laquelle j’excelle, c’est le charme. Une personnalité aussi éclatante que la mienne n’a aucun mal à se faire remarquer. Impossible de manquer l’aura de chaleur que je dégage. Comme les têtes se tournent vers le soleil pour se baigner de ses rayons, les regards se posent avec bonheur sur moi. On se délecte de mon sourire, on s’arrache mon attention. Qui ne désire pas être la pupille de l’astre roi ? Sans me vanter, je peux assurer que mon charisme est plutôt imposant. J’aime à dire que je suis irrésistible. Pourtant, je ne me donne pas tant de mal pour plaire. Certes, je soigne toujours mon apparence, mais il m’arrive régulièrement de ne faire aucun effort, et même dans un ensemble de jogging Addidas je n’en reste pas moins attirant. Une élégance naturelle. J'ai déjà dit que j'étais un peu mégalo ? Là où je me plais à me challenger, c’est dans le verbe. Séduire par les mots, c’est ici que se trouve la grande finesse. Beau-parleur invétéré, je m’arrange pour trouver la bonne parole qui fera chavirer l’assistance. Prendre au dépourvu, ébranler les barricades, creuser une brèche jusqu’au trésor niché entre les côtes. Si j’aime la conquête, je ne suis pas contre être conquis : j’ai beaucoup de mal à résister au chant des sirènes.

éclipse totale - j’ai le sang chaud, dans tous les sens du terme. Bien que je possède une certaine maîtrise de ma personne, je demeure assez inconstant voire lunatique. Je peux changer du tout au tout en un battement de cils. Ce qui me rend indomptable et, avouons-le, souvent violent. Mes accès de colère sont redoutables. Je suis loin d’être un saint (beaucoup vous diront que je suis même l’inverse), la fourberie ne m’est pas étrangère. La morale ne me retient pas. Je peux me montrer aussi cruel que le soleil en plein désert. On se méprend sur ma nature lorsque l’on se fie à l’image de golden boy que je renvoie. Ce n’est que la moitié de ma personnalité, la partie émergée de l’iceberg. Diable au visage d’ange, le charme du Malin. J’en profite, j’en joue. Assurément. Je parle à beaucoup de gens, ils pensent me connaître, mais quand ils se posent la question ils se rendent compte qu’ils ne savent rien de moi. À l’image de mon astre,  je suis unique et solitaire. Paradoxal pour un dieu qui aime être entouré, en effet. Ça ne me pèse pas tant que ça de ne pas partager ma vie. Après tout, je suis la personne la plus géniale qui existe, ma propre présence comble bien assez l’espace. Je reste ainsi inaccessible, trop brûlant, trop haut dans le ciel. Hors de portée. Et peut-être pour le mieux.

★ PARTICULARITÉS : un corps de rêve et une gueule d’amour, c’est déjà pas mal, non ? Le seul détail relativement notable est que je ne crains pas le froid. Mon corps dégage en permanence une chaleur rassurante.

★ Les récurrences sont apparues il y a environ un an sous le Dôme… À terme de leur divinisation, elles peuvent acquérir trois pouvoirs distinctifs. Quels sont-ils pour ce personnage ? :  
Héliokinésie - manipulation de la matière solaire (stade II) : il a la maîtrise des vents solaires, des radiations, et du feu solaire qui jaillit de son corps. Ralentir ou accélérer la course de l’astre solaire lui demanderait en revanche une énergie qui le consumerait.
Déluge - contrôle de la pluie (stade IV) : il peut créer une pluie diluvienne qui entraîne des inondations. Ce pouvoir suit ses émotions, il doit être dans un état de tristesse ou de mélancolie pour l'activer.
Photokinésie - manipulation de la lumière (stade VI) : il est capable de créer de la lumière, soit de manière diffuse soit concentrée sous forme de rayon laser. Il peut également déformer la lumière pré-existante en mirages. À l’apogée de sa puissance, il peut aller jusqu’à devenir lui-même la lumière du soleil, et donc n’être plus que de la lumière (intangible, vitesse de 300 mètres par seconde), mais cela représente un danger encore inconnu pour son enveloppe charnelle.

★ Comment ce personnage vit-il son état de récurrence ? Où en est-il dans ses pensées et sur le lien entre l’hôte et le dieu qui l’habite ? : l’humain qui me sert de réceptacle a plutôt bien vécu mon arrivée dans son crâne. Il se prenait déjà pour un dieu, alors il n’a pas été trop dépaysé. Son ego prenait pas mal de place, mais je suis parvenu à m’installer. La cohabitation n’était pas désagréable, mais il est évident qu’elle ne me comblait pas. Lui non plus d’ailleurs. Il n’était pas partant pour me laisser le volant, il a même essayé de me doubler, le saligaud. Cette espèce de vermine a estimé que s’il ne pouvait pas disposer de son corps comme il l’entendait, personne ne le pouvait. Il s’est plongé dans un coma artificiel, espérant sans doute que cela annihilerait mon emprise. C’est fou ce que les humains peuvent se montrer stupides. Après plusieurs mois à jouer la Belle aux bois dormants, je me suis réveillé. Oui, je. Car il ne restait plus que moi. Sans surprise, j’ai gagné le duel.

★ Que pense-t-il du Dôme et de Praedam Hill ? : un petit havre de plaisirs comme on aime en côtoyer au cours de quelques milliers d’années d’existence. Le fait d’être enfermé en huis-clos ne m’emballe pas des masses, mais puisque pour l’instant le choix ne se pose pas, autant en profiter. De plus, j’attends de récupérer toutes mes facultés divines avant de me lancer dans ce qui pourrait être la dernière course du soleil.

▬ Accélère bon sang, on va jamais arriver à temps !
▬ Calme-toi, lápka, je vais aussi vite que je peux… Et t’énerver ne fera que précipiter les choses…
▬ JE NE SUIS PAS ÉNERVÉE JE SUIS TRÈS CALME.
▬ Kísa...
▬ Contente-toi de conduire et pour l’amour de dieu APPUIE SUR CETTE P*TAIN DE PÉDALE !

Les vociférations d’Apollonia Vassiliev furent vaines. A deux minutes du Sunrise Hospital de Las Vegas, elle donna la vie, condamnant par la même occasion le revêtement en cuir blanc de l’Excalibur Phaeton Series III que son époux, Ivan, conduisait bien au-delà de la limite de vitesse autorisée. Ils arrivèrent à tombeau ouvert sur le parking de l’hôpital, et une horde de sages-femmes se rua aussitôt sur eux. Naître à cent-quatre-vingt-sept kilomètres à l’heure, rien de plus normal à Vegas.
C’est ainsi que vit le jour un adorable poupon nommé Kassian Ivanovitch. Le fils d’Ivan. L’heureux héritier de l’empire Vassiliev (et future récurrence, mais ça, nous y reviendrons). Ce serait un euphémisme d’avancer que l’enfant n’était pas mal tombé. Des parents soudés et aimants, nullement dans le besoin, qui répondront à tous ses caprices. Kassian eut une jeunesse dorée, à son image. Il ne manquait de rien, il faisait la joie de sa famille et grandir à Vegas prépare bien à une vie de plaisirs. L’extase. Jusqu’au jour où le passé rattrape ceux qui croyaient lui avoir échappé.




Si à première vue ce cher Ivan et cette chère Apollonia étaient un couple tout à fait respectable, il s’avérait qu’ils cachaient quelques antécédents intéressants. En effet, ils trimballaient dans leurs valises d’immigrés russes de sacrés dossiers.
Ils s’étaient rencontrés à Moscou, à la fin des années soixante-dix, alors que la guerre froide battait son plein. Elle était la fille d’une éminence de la Bratva, la mafia rouge, et lui était un agent du KGB. Drôle de mélange, n’est-ce pas ? Un vieux relent de Roméo et Juliette au pays des tsars. C’est à peu près ça. Le pitch : une mission d’infiltration qui tourne mal. Ce bon vieux Ivan ne s’était pas attendu à défaillir devant les yeux céruléens et le tempérament de louve féroce d’Apollonia. Ils s’aimèrent vite, ils s’aimèrent fort. Portés par la fougue de la jeunesse, l’un comme l’autre n’hésita pas une seule seconde à abandonner famille et amis pour s’enfuir loin de ce qui freinait leur idylle. A savoir : la Russie. La manœuvre était risquée. Très risquée. Mais elle en valait la chandelle. Ils jouèrent de leurs relations pour prendre un vol direction la côte Ouest des États-Unis, là où le KGB et criminels russes étaient particulièrement traqués. Ils s’étaient dit qu’ainsi, les représailles se verraient compromises. Leur plan se déroula sans trop d’accrocs et les voilà débarqués dans un Las Vegas au sommet de sa gloire, prêts à conquérir la ville des vices.
Ivan, sous ses airs de gendre idéal, se montra un véritable requin du business. Aidé par sa pas si tendre femme, il construisit son affaire et les choses prirent de plus en plus d’ampleur jusqu’à ce qu’il soit considéré comme un des pontes de Vegas. Il n’en gardait pas moins la tête froide, car il savait que trop faire parler de lui pouvait attirer l’attention des mauvaises personnes. Notamment celles venues de l’autre côté du Pacifique…

Ce qui devait arriver arriva. Ils ne prévinrent pas. Aucun message sur le répondeur, aucun courrier, aucune menace. Juste une nuit, une rue, une balle. Ce soir-là, daddy ne rentra pas à la maison. C’était le premier drame de la vie du jeune Kassian, trop jeune pour comprendre, trop jeune pour s’en alarmer.
Il ne restait donc plus que lui et Mama. Il n’eut pas à s’en plaindre, c’était un vrai fils à maman. Elle lui passait tous ses caprices et toutes ses folies. Ce qui n’arrangea en rien le tempérament exécrable du gamin. Parce que oui, le petit Kassian était odieux. Les années ne firent qu’empirer son caractère. Il méprisait tout le monde, ne respectait rien ni personne et estimait que tout lui était dû. Il n’y avait que sa mère qui avait de la valeur à ses yeux. Et pourtant, on lui pardonnait tout. Peut-être à cause de sa fortune et de l’influence de l’entreprise familiale, peut-être à cause de son faciès angélique auquel on ne pouvait rien refuser. Et le corniaud en profitait salement.




Bien, le décor est posé.

Après des années à abuser de la vie et des autres, il était grand temps qu’un nouveau protagoniste (et pas des moindres) entre en scène dans le petit théâtre de la vie de Kassian Vassiliev. Moi. Dažbog, dieu et combleur de désirs à temps plein. Enchanté. Je risque de prendre de la place, il va falloir faire du ménage. Un divin ménage.
Le golden boy ayant une énorme estime de lui-même, il trouvait ça presque normal d’être l’élu, comme il se plaisait à s’imaginer. Ce qu’il ne faut pas entendre… Au début, c’était assez ludique de jouer les marionnettistes, d’autant plus qu’il n’avait pas besoin qu’on le pousse beaucoup pour emprunter le chemin du vice (qu’il commençait à connaître), cependant je ressentais la nécessité de me défouler. Ça faisait trop longtemps que je ne m’étais pas dégourdi les jambes, et être coincé dans la conscience d’un humain n’était pas la situation la plus confortable du monde. Je ne perdis donc pas une seconde et m’attelai à la tâche pour atteindre la deuxième étape du processus. Je trépignais.
Un jour, sans crier gare, le fils ingrat quitta Sin City. L’ultime caprice. Il laissait derrière lui une mère éplorée et des centaines de “bon débarras”. Qu’importe. Il suivait la voix de ses envies. Ma voix. Ses envies (donc moi, si vous n’avez toujours pas suivi) lui dictaient de rouler sans s’arrêter jusqu’au Canada.




Les choses sérieuses pouvaient enfin débuter. Let the show begin. Un rideau allait tomber pour mieux se relever sur un jour plus radieux.
Ce Kassian commençait sincèrement à me taper sur le système. Maintenant qu’il avait compris de quoi il en retournait exactement, il n’avait rien trouvé de mieux que tomber en pleine crise existentielle, cloîtré dans son penthouse. Il s’était jeté corps et âme dans l’agencement d’un casino à Praedam Hill (j'avoue, je plaide coupable pour le nom de l'établissement : le Rising Sun). Sans doute pour tenter de donner un sens à sa vie, se reconnecter avec ce qu’il avait toujours connu. Avant qu’il ne soit trop tard. Mais mon brave, il était déjà trop tard. Tu ne manqueras à personne.
Et puis un beau matin, la révélation. Le sursaut d’agonie. L’enfoiré se rendit à l’hôpital et demanda à ce qu’on le mette en coma artificiel. Je suis sûr que même l’infirmière en face de lui a entendu mes esclandres. Cet imbécile risquait d’abîmer mon réceptacle. Ça se voyait que ce n’était pas lui qui allait devoir passer un temps indéfini dans ce corps.




▬ Monsieur, monsieur Vassiliev je vous en prie, n’arrachez pas vos perfusions !
Hein ? Ah oui, c’est vrai que je dois répondre à ce nom maintenant. Oh tiens ça pisse le sang ce truc.
▬ Mais monsieur vous ne pouvez pas partir comme ça, vous êtes…
▬ En pleine forme, ne t’inquiète pas chérie, je ne me suis pas senti aussi bien depuis des lustres. Je t’assure. Donne-moi ce qu’il y a à signer et la prochaine fois qu’on se voit, je veux que ce soit autour d’un verre, d’accord ? Mais évite le mascara bleu hein, ça jure trop avec tes yeux.
▬ C’est-à-dire que… je… heu… avec plaisir monsieur.

Une renaissance. La raclure laissait place à une autre raclure, plus agréable.
Enfin. Je m’arrêtai un instant sous mon astre, m’imprégnant avec avidité de sa chaleur sur ma peau. Mon essence divine. Je sentais mes cellules crépiter, flamber d’un feu nouveau et pourtant si familier. Mes souvenirs étaient encore absents, ma mémoire vide. Un diamant encore brut. Mais ça n’avait pas d’importance. J’étais là, c’était tout ce qui comptait. Le soleil était redescendu parmi les mortels, il s’était détaché des hauteurs d’azur, et il n’allait pas se faire prier pour irradier le monde d’en-bas.
Si vous avez peur des ténèbres, c’est que vous ne savez pas ce dont la lumière est capable.
Le soleil c’est beau, c’est chaud. Mais ça donne le cancer. Voilà : le soleil, ça tue. La nuit, pas de cancer.
Je ne sais pas d’où vient ce manichéisme absurde qui associe le jour au bien et la nuit au mal. Tous les dieux des ténèbres sont mauvais et tous les dieux de la lumière sont bons ? S’il vous plaît, soyons sérieux. Peut-être, oui, qu’Apollon gambade en sifflant dans sa flûte comme un niais de première catégorie, peut-être qu’Horus joue le grand guerrier qui combat pour le Bien. Peut-être. Il y a des rabats-joie partout. Mais sortez-vous de la tête cette légende qui dit que nous sommes tous aussi bons. Vous seriez drôlement surpris. Des fois, je me demande si certains d’entre nous ne sont pas pires que nos chers collègues de l’ombre. Ne faites pas de généralités, ça risquerait de vous perdre. Après tout, Lucifer était bien l'étoile du matin…




La lame de rasoir glissait le long de ma joue, je la sentais râper contre mon épiderme, dévoilant ligne après ligne la peau sous-jacente. Tandis que je me rasais de près, le téléphone en haut-parleur me faisait parvenir les paroles de mon comptable. Une petite rousse ma foi fort sympathique et dynamique. Et ses taches de rousseur… à croquer. Je ponctuais son compte-rendu de hmhm distraits. Je gardais toujours un œil sur les affaires, mais les chiffres n’étaient pas ma grande tasse de thé. Du moment que la comptable était contente, j’étais content. Depuis que j'avais pris le business en main, la notoriété du Rising Sun, ainsi que la mienne, avaient explosé. C'était devenu le repère de toutes les âmes en manque de divertissements. Tout y était permis, du moment que l'illégalité n'était pas remarquée. Pas vu pas pris. Vous ne devinerez jamais ce qu'il se passe à l'étage moins 3... Non ne vous creusez pas les méninges, je vous dis que vous ne devinerez pas.
Après avoir passé ma crème d’après-rasage, j’appréciai le résultat dans la glace. Je n’écoutais même plus ce que mon employée me racontait. J’envoyai un baiser à un mon reflet, puis récupérai mon téléphone portable.

▬ Tu sais que j’adore entendre le son de ta voix, mais là je vais devoir y aller. On se rappelle… Tu passes au casino ce soir ? Tu m’as promis… Génial, à tout à l’heure ma beauté. Ciao.
▬ C’était qui ? Une donzelle dont je ne me souvenais ni du nom ni de la raison de sa présence dans ma chambre (quoique) lorgnait sur ma serviette de bain.
▬ Ma c... Tu es encore là, toi ?
▬ Je pensais que…
▬ A l’avenir ne pense plus, ce sera mieux pour tout le monde, ma belle. Allez allez on s’active, tu ne veux pas abuser de mon temps, si ?
▬ On se reverra ?
▬ Ouaiiis… je laissai traîner ce dernier mot le temps de peser le pour et le contre. Bof. Non je ne crois pas. Tu sais que je ne dois pas m’attacher, c’est mauvais pour mon cœur. Entre temps, je l’avais guidée (poussée) jusqu’à la sortie. Je ne te raccompagne pas dehors, tu n'es peut-être pas une lumière mais tu devrais pouvoir trouver, il suffit de descendre.
Je n’attendis pas sa réponse pour fermer la porte. Il était déjà onze heures et j’avais encore des foules à éblouir.